50 ANS D’INDEPENDANCE DE LA COMMUNAUTE

: La CEB, un levier de développement durable

Symbole vivant de la coopération énergétique régionale, la Communauté Electrique du Bénin (CEB) accompagne le Togo et le Bénin depuis leurs indépendances, dans la voie du progrès économique et social, par la mise en commun des potentialités énergétiques des deux pays. A l’heure du cinquantenaire des indépendances, la CEB capitalise déjà plus de 42 ans de réformes institutionnelles et stratégiques pour s’adapter aux changements de l’environnement économique, social et politique afin de jouer pleinement son rôle de partenaire stratégique dans la mise en oeuvre d’une politique concertée pour la satisfaction des besoins croissants en électricité des industries et des populations de la communauté.
Dans cette dynamique s’inscrit l’ambitieux plan stratégique 2007 – 2026 qui prend en compte les défis de l’évolution récente du secteur de l’électricité dans la sous – région et devrait donner les gages à la CEB de mieux jouer son rôle de levier de développement durable du territoire de la communauté.
Tout à l’honneur des pères fondateurs de la CEB et de l’engagement des présidents Faure Essozimna Gnassingbé et le Dr. Thomas Boni Yayi d’assurer à leurs territoires une sécurité de l’approvisionnement en électricité, facteur indispensable de production et de création des richesses.

Renforcement de la sécurité énergétique par diversification des sources d’approvisionnement, relèvement de l’autonomie énergétique de 30 à 70% au moins, fiabilisation du système énergétique communautaire, c’est en somme les défis que la Communauté Electrique du Bénin (CEB) se donne de relever à l’horizon 2026.
Opérationnelle depuis 1973 avec pour vision de favoriser l’accès de ses Etats membres à une énergie de qualité et à moindre coût, la CEB, faut-il encore le rappeler, a pour missions de réaliser et d’exploiter les installations de production et de transport d’électricité ou encore d’importation et d’exportation d’énergie électrique avec les pays voisins.

Depuis sa création en 1968, la CEB s’est attelée à ces tâches en mobilisant des ressources internes et externes pour financer les investissements dans la réalisation des infrastructures de production et de transport et en nouant des partenariats d’importation d’électricité, notamment avec le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Niger .

Un parc de production  et de transport en évolution

Dépendant à ses débuts de l’importation d’électricité de la Volta River Authorithy (VRA) du Ghana, la CEB, dès 1987 a mis en exploitation sa propre centrale hydro électrique de Nangbeto, implanté sur le fleuve Mono, au Togo.

Cet aménagement a une capacité de 65 Mega Watts (MW), avec une production moyenne de 170 Giga Watt – Heure (GWH). Il offre également un plan pour la pisciculture et le sport nautique, mais aussi des terres agricoles. En amont de ce barrage est prévue la construction d’un second, celui d’Adjarala, un projet attendu comme le moyen d’équilibrer l’offre et la demande en énergie sur le territoire de la CEB.
Déjà en 1998, face à la forte demande en électricité, signe de la vitalité économique et sociale de ses Etats membres, la CEB a implanté deux Turbines A Gaz (TAG), l’une au Port de Lomé et l’autre à Cotonou, d’une capacité de 20 MW pour un productible annuel moyen de 150 GWH chacune.
Ce parc de production de la CEB est renforcé par les centrales thermatiques de la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) et de la Société Béninoise d’Energie Electrique (SBEE), deux sociétés de distribution de l’électricité fournie par la CEB. Mais le défi de l’autonomie financière est loin d’être relevé.
Aussi, la CEB a – t – elle signé des contrats d’approvisionnement en énergie avec la Côte d’Ivoire (Compagnie Ivoirienne d’Electricité, CIE), la (Transmission Company of Nigeria TCN), la Volta River Authority (VRA) du Ghana, etc.
En outre, l’aventure du secteur de l’électricité à des producteurs privés indépendants, en vertu de l’accord revisé en 2003 du Code Benino – Togolais de l’Electricité permet de diversifier les sources d’approvisionnement.

Dans ce registre, la centrale thermique de Contour Global inaugurée en décembre 2010 au Togo, injecte une puissance supplémentaire de 100 MW dans le réseau interconnecté de la CEB. Un autre opérateur indépendant, CAI, conduit un projet similaire au Bénin et qui permettra de renforcer l’offre de la CEB, avec 80 MW.
En 2009, l’énergie mise à disposition du Bénin et du Togo est de 1. 792..220 GWH avec un taux de perte de 4,45 % et une pointe instantanée de 301,14 MW, sans les productions des distributeurs qui s’élèvent à 135.088GWH dont 22, 8 GWH pour la CEET et 112,288 GWH à la SBEE.
L’ensemble de l’électricité ainsi produite et achetée par la CEB transite par un total de 1773 km de haute tension avec des lignes de 330, 161 et 63 kilo volt (KV). Spécifiquement, les infrastructures de transport de la CEB se répartissent en :

– 565 km de ligne 161 KV avec une capacité de transformation de 452, 5 Mega Volt Ampère (MVA) repartie sur 9 postes pour le Togo et
– 16km de ligne 330 KV
– 560 km de ligne 161 KV et une capacité de transformation de 774, 5
MVA repartie sur 11 postes pour le Bénin. Sont en cours, d’autres projets de renforcement des capacités de production et de transport de la CEB qui, depuis décembre 2010 couvre le territoire de la Communauté avec la réalisation de l’Inter connection des régions septentrionales du Togo et du Bénin. Sur le réseau interconnecté du Sud.

Tout le territoire de la CEB désormais couvert par le réseau de transport

L’interconnexion Nord –Togo / Nord – Bénin est désormais une réalité. avec l’inauguration dans les prochains jours du volet Nord –Bénin après celle du Nord – Togo inaugurée le 04 juin 2009 à Kara.

Ainsi, la CEB étend désormais sur le territoire de la Communauté son réseau de transport d’électricité évalué à 1773 km de haute tension, avec des lignes de 330, 161, et 63 kilo – volt (KV). Le projet a l’avantage de substituer l’énergie onéreuse produite par les centrales thermiques exploitées dans ces zones par la CEET et la SBEE par l’énergie fiable, stable et assez moins cher du réseau interconnecté de la partie méridionale de la Communauté.

Dernier volet du projet d’inter connections du septentrion, le volet Nord – Bénin en voie d’inauguration un coût de 21milliards 498 millions 493 mille 332 francs CFA. Il prend en compte la construction de postes de transformation 161/34,5/22 KV à Parakou et à Djougou, de postes de répartition 33 KV à Natitingou et à Bembéréké. Le coût inclut également la construction de 189 km de lignes 161 entre Kemérida à la frontière Togo / Bénin – Djougou et Parakou ; de 108 km de lignes 161 KV entre Parakou et Bembéréké et d’une autre de 161 KV sur une longueur de 73 km entre Djougou et Natitingou.
D’un coût global de 15 milliards 238 millions de francs CFA, le projet Nord –Togo quant à lui, se compse notamment de l’aménagement et du bitumage de la route d’accès au poste, de l’extension du poste de transformation d’Atakpame, de même que la construction de la ligne haute tension Atakpame – Kara – Kémérida. (frontière Togo/Bénin)
Une fois le projet réalisé, il est désormais possible d’entreprendre l’électrification de 28 localités entre Anie et Kemerida, le long du tracé de la ligne principale.

C’est un facteur important à l’électrification rurale. Tout compte fait, l’accès à l’énergie électrique est une condition indispensable pour transformer le niveau de vie des populations aussi bien des campagnes que des villes en favorisant l’amélioration du confort, la modernisation de l’artisanat, l’accroissement de la productivité, la création de l’emploi et des richesses.

Comment la CEB stimule la coopération régionale et la réduction de la pauvreté ?
Nul ne peut parler du développement dans toutes ses composantes industrielles, agro business ou sociales sans évoquer la disponibilité et l’accès aux sources énergétiques plus fiables et moins chères. C’est pourquoi la CEB est partie prenante du projet Ouest africain d’échanges d’énergie ou West African Power Pool (WAPP).
Ce projet comprend trois volets. Le premier a trait à l’électrification transfrontalière des communautés rurales au Sud du Togo à partir du Ghana. La CEB achetait déjà dans un cadre contractuel de l’énergie électrique auprès de la VRA. Mais le présent projet consiste en l’électrification des communautés rurales du Togo riveraines de la frontière du Ghana par le branchement sur le réseau électrique ghanéen. Bel exemple de fraternité et de solidarité entre les peuples, le projet permettra aux populations d’une soixantaine de villages de découvrir les bienfaits de l’énergie électrique.
Evalué à 2 milliards 381 millions 123 mille 910 francs CFA, le projet est financé à hauteur de 31% par la CEB notamment pour la construction des lignes moyenne tension sur au Togo.

Au Plan Directeur, du WAPP figure également parmi les projets prioritaires celui d’interconnexion électrique des réseaux du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigeria. Une ligne dorsale Sud reliera la centrale thermique de Takoradi ( Ghana) le poste de Volta, près d’Accra, le poste de Lomé C à Danie P 41 et à Légbassito au Togo, le poste de Sakété au Bénin et celui de Ikeja West ( Nigeria).
Son financement, 36 milliards de FCFA est assuré par la Banque Africaine de Développement (BAD), le Fonds Kowetien et la CEB.
La présence de la CEB au coeur de la toile du Système d’Echange Electrique Ouest Africain répond à sa vision de développer

la coopération, l’intégration et l’émergence économique et sociale sur la base de partage de l’énergie. C’est une philosophie de solidarité permettant d’optimiser pour chaque Etat et pour chaque communauté ses chances d’accès à de l’énergie de qualité.
L’effet indu est de susciter l’accroissement des activités économiques de production et de transformation et d’amélioration des conditions de vie. C’est donc la voie royale pour aider à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et de réduction de la pauvreté.

Demain la CEB ?

Frappé de plein fouet ces dernières années par un déficit énergétique sans précédent, la CEB a promptement réagi à la crise pour corriger les insuffisances et anticiper sur l’avenir.
Si la mauvaise pluviométrie faisant baisser le niveau des barrages a été le facteur déclencheur du déficit énergétique, la crise a été difficile à juguler à cause de certaines insuffisances comme la forte dépendance de l’extérieur pour l’approvisionnement en électricité, la tension sur la trésorerie de l’institution, le vieillissement des équipements etc.

Le Plan Stratégique élaboré à cet effet entend terminer définitivement les pages sombres des délestages et répondre aux exigences des perspectives de développement du secteur de l’électricité dans la sous –région.
Pour l’horizon 2026, la CEB entend diversifier ses sources. Le programme WAPP se prête à l’échange de l’énergie mais au plan interne, la CEB compte construire de nouveaux barrages (Adjarala etc…..). Les sources d’énergie renouvelable comme les centrales solaires sont également envisagées pour réduire la dépendance
Aussi, le Plan Stratégique vise t-il à renforcer l’autonomie énergétique de 30 à 70% au moins. Mais il sera difficile à la CEB d’assurer l’équilibre entre l’offre et la demande en énergie de qualité et à moindre coût sans la valorisation du potentiel hydro électrique et surtout la substitution du gaz naturel au carburant liquide des centrales thermiques ou encore la planification des investissements énergétiques cohérents.

Mouhamed Akambi

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