CINQUENAIRE DE LA REPUBLIQUE DU BENIN :

Radioscopie de la gouvernance économique après cinquante ans d’Indépendance

Le Bénin à l’instar des quinze autres colonies françaises d’Afrique a célébré les 50 ans de son Indépendance. Un demi-siècle marqué par des choix politiques et des options économiques des différents gouvernements qui se sont succédé. Quels sont ces choix et quelle a été leur efficacité ? Quel est l’état de l’agriculture béninoise et surtout du secteur industriel ? Radioscopie sur les choix économiques du Bénin durant les cinquante dernières années….

Répartie en trois grandes périodes, la gouvernance économique et même politique du Bénin a connu plusieurs épisodes depuis l’accession du pays à l’Indépendance. Ainsi, la première période comprise entre 1960 et 1972 a été caractérisée par une économie de subsistance, une économie de rente où l’Etat produit pour exporter exclusivement, sans tenir compte des besoins réels du pays. Pour l’économiste Rhétice Dagba, il s’est agi d’une économie extravertie, une économie basée sur la réexportation, en l’occurrence à travers la culture de coton pour satisfaire les

besoins du développement industriel de la métropole : La France. C’est en un mot une période marquée, a-t-il dit, par l’absence de l’Etat. La deuxième période qui couvre les années 72 à 90 a été fondamentalement marquée par la nationalisation des économies à travers le fameux Programme d’ajustement structurel (Pas). Il s’agit de la du pays. Ce sont donc, a-t-il conclu, trois périodes qui n’ont pas permis de faire du Bénin, une économie prospère et créatrice de richesse. Et à Jean-Baptiste Satchivi, un opérateur économique, d’indiquer qu’aux lendemains des Indépendances, il était urgent pour les gouvernants d’opter pour une économie qui puisse permettre au Bénin de se relever. Seulement que, a-t-il souligné, il manquait à l’Etat deux choses notamment le capital (l’Etat essayait d’exister) et la stabilité politique (record des coups d’Etat en Afrique). « Tout est une question de choix surtout que le pays n’a pas de ressources minières suffisantes en dehors de son potentiel agricole inestimable » déclare pour sa part Abel Sekpè.

Pour l’Agro-économiste, l’Etat se devrait de créer un cadre devant permettre aux producteurs d’être compétitifs sur le marché. « La libéralisation n’a pas tenu compte des période révolutionnaire caractérisée par le collectivisme et qui a englouti des centaines de sociétés devenues des éléphants blancs. Là encore, l’économiste Rhétice Dagba estime que les résultats escomptés n’ont pas été atteints du fait des erreurs dans les choix économiques qui du reste ont étouffé la volonté politique qui, elle existait. En suite, vient la période des années 90 à 2010 marquée par le choix de l’économie libérale sans maîtriser les contours. Pour Réthice Dagba, la libéralisation de l’économie n’a pas été soutenue par une politique fiscale adéquate devant favoriser l’initiative privée aux fins de répondre aux besoins nouveaux réalités culturelles » se désole Jean Baptiste Satchivi avant d’ajouter que les Béninois sont devenus des hybrides : ils mangent ce qu’ils ne produisent pas et produisent ce qu’ils ne mangent pas du fait du manque de structuration de l’économie vers les pôles de développement.

« Le problème de l’économie béninoise, c’est d’avoir focalisé tout sur la filière coton » relève l’Agro-économiste, Abel Sekpè avant de proposer que le Bénin se dote des politiques et choix économiques sur 10, 20 et 30 ans. Autrement dit, il est question pour lui de repenser les choix politiques pour éviter l’amateurisme et l’imprévision dans la conduite des

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occupé, la non maîtrise des procédures nationales de passation des marchés publics, l’inadéquation entre le rythme de décaissement des fonds et le caractère saisonnier des activités des projets de développement de certains secteurs, le retard de décaissement et puis la mauvaise évaluation de certains projets dégageant d’importants gaps. Et à Grégoire Balaro de conclure que les taux d’investissement public de 7,4% en 2009 et de 8,8% en 2010 sont relativement trop faibles pour infléchir durablement le profil de pauvreté et améliorer les conditions de vie des populations au Bénin. En effet, la faible consommation des crédits et l’inefficience des allocations par secteurs sont des obstacles aux effets multiplicateurs des Pip sur la croissance et le développement au Bénin. C’est ainsi qu’au cours des cinq dernières années (2005-2009), les taux d’exécution financière des programmes et projets d’investissements publics des secteurs sociaux sont globalement faibles. En 2009, ce taux est particulièrement bas (26,4%). Or, la question centrale de l’instrument de développement que constitue le budget revêt toute son importance au regard du contexte créé par les nombreux défis nés des stratégies de lutte contre la pauvreté et de réalisation des objectifs du millénaire à l’horizon 2015. Il ressort clairement que la mise en oeuvre d’une stratégie efficace d’allègement de la pauvreté, exige une bonne compréhension des interrelations entre le système de gestion budgétaire, les équilibres macro-économiques, la cohérence de la composition sectorielle des dépenses publiques et leur adéquation aux attentes en matière de réduction de la pauvreté. Plus spécifiquement, pour la mise en oeuvre des investissements publics, maillons essentiels de la politique budgétaire pour promouvoir la croissance économique, la politique budgétaire mérite d’être revue à la hauteur des enjeux et les engagements pour le développement. Et c’est là, les Organisations de la société civile ont un grand rôle à jouer, celui notamment de la veille citoyenne, du plaidoyer, du contrôle et surtout du suivi évaluation. Il s’agira en clair pour le Président de la Maison de la société civile, Abel Gbêtoénonmon, d’assurer la surveillance des politiques économiques, d’élaborer des documents de position qui prennent en compte des aspirations des populations, d’organiser le dialogue multi-acteurs sur les enjeux de politique économique, de faire une analyse citoyenne de la pertinence des actions en vue d’influencer la prise de décision et la mise en oeuvre des Programmes d’investissement publics au Bénin.
Le rôle des Osc
Pour Abel Gbètoénomon, Président de la Maison de la société civile, les Organisations de la société civile (Osc) sont signataires du pacte Ecowap/Pddaa. A ce titre, elles ont un devoir d’information et de communication de la masse, la mobilisation et la veille citoyenne. « Les Osc doivent faire la veille permanente sur la cohérence des politiques

et actions communautaires dans le sens de la lutte contre la pauvreté » a-t-il indiqué. Pour y parvenir, la société civile se doit d’être impliquée dans la mise en oeuvre de la politique agricole. Un droit que Imma de Miguel de Oxfam international fonde sur la déclaration de Paris qui encourage la participation des acteurs non étatiques. Mieux, la plateforme des donateurs met l’accent sur la promotion du processus de planification par pays et que la signature de pacte dans chaque Etat est l’expression de la participation de la société civile à travers surtout l’élaboration de positions, l’information des citoyens, la participation à la politique agricole, la mise en place des cadres de concertation et des alliances, la contribution et les propositions. C’est dans la mise en oeuvre de toutes les politiques et autres engagements que la société civile a un rôle de veille à jouer dans les processus d’élaboration, de mise en oeuvre et de suivi-évaluation des politiques, programmes et projets dans le secteur agricole. Pour ce faire, elle a pour chef de file, la Maison de la société civile, signataire du pacte Ecowap/Pddaa au niveau du Bénin. Aussi, existe-t-il un comité technique opérationnel composé de la Plateforme des acteurs de la société civile au Bénin (Pascib) pour porter et valoriser les positions de la société civile et suivre les engagements pris par les acteurs, le Redad en tant que secrétariat technique et coordination opérationnelle, le Réseau-Jeb comme pôle d’information et de communication, ‘’Synergie paysanne’’ qui est un ONG pour la recherche et le plaidoyer au profit des Organisation paysannes. Toute une organisation structurelle à même de permettre à la société civile de relever le défi de la surveillance des politiques agricoles dans le cadre de la sécurité alimentaire au Bénin.
Moussa El-Hadji Mama
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Moussa El-Hadji Mama

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