MODEL D’ETAT ET DE CFITOYEN DANS LE BENIN EMERGENT

La qualité du partenariat entre l’Etat et les citoyens a-t-elle en réalité une réelle influence sur l’évolution de la société ? « Oui », répondent les spécialistes des questions de développement durable. On parle de plus en plus d’un nouveau partenariat d’interaction politique et sociale incitant l’Etat à être le promoteur et le garant de la bonne gouvernance et le citoyen, également acteur de la bonne gouvernance, à participer aux activités économiques, sociales et politiques.

Le défi du développement reste la préoccupation de milliers d’êtres humains et interpelle à la fois l’Etat et le citoyen dont les responsabilités sont partagées dans la création des conditions d’un meilleur épanouissement des peuples.
Dans la réalisation des objectifs de développement, le rôle de l’Etat est plus prépondérant, et reste le même partout. Mais, pourquoi ailleurs le train du développement a atteint sa vitesse de croisière, alors que au Bénin, la machine tourne au ralenti, ou se grippe encore ?
Si des Etats occidentaux et, dans une certaine mesure les dragons d’Asie ont su atteindre un certain niveau enviable de développement économique et social, il est aussi possible au Bénin de se développer durablement, de réussir à éradiquer la pauvreté et de s’adapter au changement du monde moderne.

Le développement, une question de gouvernance

Le Bénin est un pays qui regorge d’énormes ressources humaines et naturelles. Mais la mauvaise exploitation de ces potentialités ne profite guère au pays. Il est temps changer de comportement pour mettre fin au gaspillage, à la corruption, au clientélisme, à l’institutionnalisation de la gabegie, etc.
Il importe alors d’inventer un modèle d’Etat moderne, dynamique, efficace et efficient garant de l’ordre républicain, respectueux du cadre constitutionnel et institutionnel, un Etat régalien qui offre les conditions nécessaires à la création de la richesse et veille à sa distribution équitable.
Il est utile de préciser que la notion d’Etat renvoie à l’ensemble des institutions politiques que se donne le peuple pour la gestion des affaires de la cité. S’il appartient à l’Etat de gouverner, de créer les conditions politiques, juridiques et autres instruments propices audéveloppement, c’est en réalité
aux citoyens qu’il revient de créer l’Etat, car le second est une émanation du premier.
C’est le peuple qui élit les hommes à la tête de l’Etat. Si les dirigeants ne sont pas librement élus, l’Etat devient un instrument « imposé » aux citoyens, entre les mains d’un groupe d’intérêt qui s’auto-désigne pour diriger et généralement pour avoir la main mise sur les ressources économiques du pays, abusant de la passivité de la société civile, parfois muselée et opprimée, souvent indifférente à l’action politique pensant à tord que la gestion des affaires de la nation est du ressort des politiciens ou de ceux que l’opinion populaire appelle « les grands grands ».
Dans d’autres pays, les maux qui plombent l’essor socioéconomique et le développement puisent leurs racines dans l’accumulation des élans de la mal gouvernance politique : l’Etat confisque le pouvoir pour en faire une propriété personnelle ; les citoyens, désabusés, se confinent dans un espoir lointain explorant le Zodiaque, ou battent le pavé, les cailloux, les flèches et autres armes pour « chasser les occupants », ou du moins, se faire entendre.
Des manifestations qui souvent dégénèrent en affrontements meurtriers et se soldent par la destruction des biens publics, l’arrêt des activités économiques et sociales, l’accroissement du nombre des réfugiés et personnes déplacées, la famine, etc. Le Bénin du changement reste l’un des pays qui font exception à cette règle.Le respect des normes de la gouvernance politique / démocratique est la conséquence directe de la réduction de la pauvreté et du développement humain durable. C’est une affaire de co-responsabilité entre Etat et citoyens, disons, entre institution politique
Jean Baptiste Elias
Porte-parole du Front nationale de lutte contre la corruption et société civile.Comme l’a dit le chercheur togolais, M. Nbueke Adovi Goe-Akue, « la vie démocratique moderne ne se limite pas aux institutions représentatives ». Il souligne « qu’elle suppose, tout en droit qu’en fait, un dialogue permanent entre l’opinion publique et l’appareil d’Etat ». Et d’ajouter que « si les citoyens s’expriment de manière éminente lors des grands rendez-vous électoraux, ils peuvent à tout moment faire entendre leur voix en participant aux débats publics sur les enjeux et les décisions politiques ».
En somme, l’opinion publique dispose ainsi d’un pouvoir permanent de critiques mais aussi d’influence et de contrôle de l’Etat et de ses institutions dans un contexte de co-responsabilité.
Le modèle d’Etat et de citoyen à construire dans le Bénin émergent aura pour
fondement des valeurs essentielles que les Experts des Nations Unies qualifient de « piliers de la gouvernance ». Dans les plateaux de la balance vont peser la responsabilité, la transparence, la participation et l’obligation de rendre compte.
Tel est désormais le leit motiv du Chef de l’Etat, Boni Yayi pour guérir le Bénin des maux qui le minent.
La gouvernance politique / démocratique réunit les valeurs de pluralisme politique de démocratie élective et d’alternance politique, de soumission de l’Etat au droit, de subordinations de l’institution militaire à un pouvoir civil élu, de bon fonctionnement de l’institution parlementaire, d’efficience et d’indépendance judiciaire, de respect des droits humains et d’existence d’une société civile forte, apte à jouer son rôle de corps intermédiaire entre la population et l’Etat. Il est aussi recommandé la gouvernance
administrative qui signifie la capacité des administrations de l’Etat et des collectivités
Les populations béninoise applaudissement l’avènement du changement territoriales à fournir de façon satisfaisante et à un coût supportable les services publics essentiels et à impulser les politiques de développement.
La troisième valeur est la gouvernance économique qui est la bonne gestion des ressources de la nation dont les finances publiques, la transparence de la gestion publique, et donc la lutte contre la corruption, le renforcement des capacités macro économiques, la mise en place d’un environnement stimulant. La construction et le renforcement d’une société de gouvernance sont fondés sur le respect de ces principes aussi bien par l’Etat que les citoyens. La fondation d’une société dynamique et prospère implique la participation de tous les membres à la vie de société. C’est cela la responsabilité
citoyenne qui s’impose ou que les bailleurs tentent de faire respecter.

De la conditionnalitéde l’aide publique

Dès lors, les bailleurs de fonds ne ferment plus les yeux sur les pratiques de corruption, de dictatures ou de violation des droits de l’homme tolérées dans le passé, au nom de la lutte contre le communisme, ou inversement, contre le capitalisme. L’octroi de l’aide publique, en régression d’année en année, est désormais conditionné à des pratiques de bonne gouvernance politique / démocratique, économique et sociale. Les bailleurs de fonds, mais aussi les investisseurs étrangers restent frileux face à l’afro pessimisme ambiant.
Depuis son avènement, Boni Yayi est de plus en plus conscient de la nécessaire moralisation des moeurs politico administrative et financière en vue d’assurer sa réelle intégration au sein de la communauté internationale hybride.
Hélas, si cette nécessaire bonne gouvernance ponctuée inlassablement les discours officiels, fait le topic de maints séminaires de formation et que fleurissent un peu partout les organisations de lutte contre la corruption, ces bonnes intentions ne donnent pas toujours les fruits escomptés. Une réforme en profondeur des mentalités s’impose.
La gestion des affaires publiques ne sera plus seulement l’apanage des politiques qui ont déjà montré leurs forces et limites. La société civile a son rôle de contre-pouvoir et d’éveil de conscience à jouer désormais dans le changement appelé de tous leurs voeux par les populations.
Le rôle du citoyen, disons plutôt le contrôle citoyen de l’action politique est donc nécessaire pour éviter et prévenir les dérives totalitaires et, de cette façon construire l’Etat de droit. Les hommes façonnent la société dans laquelle ils vivent. Par conséquent les citoyens, d’une manière ou d’une autre contribuent à la construction et à la transformation de leur pays, en tant qu’agents politiques et de développement.

Mohamed M. AKAMBI

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